LTDLH

Abyme présente LTDLH (Le Tout de L'Homme).
Elaboration d'une pièce chorégraphique en deux mouvements

Mouvement 1, le 19 juin 1990
Mouvement 2, le 20 juin 1990

Université de Caen Amphithéâtre Copernic


Chorégraphie : Valérie Folliot & Elsa Rio
Interprétation : Valérie Folliot & Elsa Rio
Vidéographie : Philippe Colette
Costumes : Elsa Rio d'après une idée originale de Christophe Folliot
Lumière : Thierry Françoise
Musique : Philippe Glass et Rash

Parce qu'auparavant, d'instinct, ils s'étaient choisis, cela avait commencé, longtemps avant qu'ils ne se soient constitués en trois planètes qui gravitent. Il ont décidé d'opérer ensemble. Pour l'heure, c'est leur force respective qui focalise sur la même entreprise ; ils conçoivent un noyau qui réunira leur énergie, espèrent-ils, pour l'embellissement du réel en cette réalité nommée : L.TD.L.H.. Cela leur plaît ainsi, car c'est un jeu qui contient les règles qui ne régiront jamais leur conduite. Y sont engouffrées leurs préférences.

... de la réviviscence enfantine d'être une princesse de ces temps là... scène de genre, ou d'intérieur ou de jardin ; dans des parcs agencés sous les ombrages, à jouer aux fameux marivaudages de Colin-Maillard ou bien aux hasards heureux de l'escarpolette... sous les effets de lumières ainsi stigmatisées par Watteau, Boucher, ou Chardin ou bien Fragonard... heures hybrides conduites entre chien et loup, incertaines, on se joue d'autrui et l'on se donne en de nombreuses liaisons dangereuses qui se joueront de vous au détour. Et pendant ce temps là, les textures de velours et de mousselines miroitent en faisceaux de tournesols, de tulipes, et de roses orangées.
Imaginez pour ne pas souffrir du spectacle des rues.

Il faut que, chaque jour recomposé, le masque rompe la ressemblance qui pourrait survenir un jour de fatigue extrême et s'infiltrer à votre insu. La figure vous trompe-t-elle ? Observez l'être manquant donné dans son paraître comme un garde-fou. Voyez l'éminence du détail quand l'aridité gagne : vous vous pressentez soudainement vide ; c'est que la mélancolie vous trempe dans des marécages où l'oeil en crise à travers l'étoffe froissée au corps ployant ne savent plus très bien comment bouger ni où pour vous trouver.
Certain parmi vous verront à travers cela vomir ou la rage, ou l'impuissance ou bien d'autres choses comme l'amour qui suffoque. Ceci pour rien.
Figures des brumes. Rien n'est vrai n'est-ce pas sous ces déséquilibres appliqués. Ici, dans l'ouvrage dit, les néophytes se meuvent avec moins de rigueur que de poigne au coeur.
Voyez ce corps qui offre sa joie.
Cela eût pu comporter tout de ceci et de bien d'autres choses ; cela eût pu devenir le lieu où se fût construite la chose des forces communes et des forces antagonistes; forces qui dans l'inavouable vous détruiraient et qui, ici, vous paraissent régénératrices de quelque chose. D'y songer fut salutaire.
D'abord, la scène n'est là que par son néant. C'est son vide qui d'abord nous frappe. Puis vous verrez l'écran dans le lointain bien cadré au centre du mur, comme une fenêtre qui vous donnera le moyen de fuir ou d'en savoir davantage.

Seul, conduit par la représentation qu'il compose, le scénographe en lutte contre l'intangible sait qu'il faut créer les images, pour vous, les matérialiser. Ainsi, la nuit aiderait à l'impression qui accentuerait votre peur devant la perspective s'engouffrant vers la lumière "EXcIT"... le seul point de fuite.

La salive ne passe plus, n'irrigue plus rien ; c'est un caillot qui comprime la gorge. Aussi inhérents à la danse que celle qui, par son corps, l'engendre, c'est par lui que vous sera livré l'ouvrage dit dans le celluloïd, c'est par elle que le geste taillera sa liberté: l'Oeil, l'Etoffe.

S'exercer à oublier que s'essouffle le corps, n'est-ce pas vous soumettre par métier afin que l'épuisement soit refreiné.
                                                                                                         Valérie Folliot
 

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