SAPIENTIALES - JMD 2021 - Sépulcre de Caen / Conservatoire de Rouen
Rendez-vous second avec Marie-Agnès Gillot, Etoile de l’Opéra de Paris, et Abyme
association (loi 1901) ; faisant suite à la master class du vendredi 12 mars
2021 qui s’est déroulée à l’auditorium du conservatoire de Rouen, occasion nous
est maintenant donnée de poursuivre ladite leçon de danse classique – école
française – qui fut menée sous la férule d’une ballerine contemporaine certes,
mais danseuse classique aux allures des plus androgynes, pour la convention sur
le geste en partenariat avec Valérie Colette-Folliot, professeur de culture
chorégraphique-histoire de la danse au conservatoire de Rouen, docteur en arts
du spectacle, et Myriam Morvan, docteur en philosophie, professeur au lycée
Jeanne d’Arc, en amont du 29 avril, Journée Mondiale de la Danse. Comme on le
comprendra, la conférence-démonstration du 12 mars 2021 s’étaye et s’aiguise par
suite en ces pensées d’étoile sur la symbolique du cygne, en l’occurrence, les
propos de l’artiste chorégraphique, Marie-Agnès Gillot, ayant été recueillis par
la sémiologue de la danse, Valérie Colette-Folliot, pendant l’entretien du
mercredi 21 avril 2021 organisé au Sépulcre de Caen, un lieu dédié aux arts du
mouvement et à la danse contemporaine, action conjuguée qu’administre un
collectif caennais de quatre compagnies : Noesis, Kashyl, Moi Peau et Silenda,
sous la direction collégiale de La Coopérative Chorégraphique.
SAPIENTIALES (sur une idée originale de Valérie Colette-Folliot), le concept
focalise in vivo, in situ, in acto les poétiques gravitant autour de la Journée
Mondiale de la Danse, 29 avril de chaque année, ce à l’initiative du Conseil
International de la Danse (partenaire officiel de l’UNESCO), et s’inscrit dans
le droit fil du paradigme Danse & Spiritualité, un programme de recherche que
dirige Constantin Kontogiannis en tant que vice-président du CID-section Paris,
membre du conseil exécutif.
For intérieur s’exprimant de lui-même, mystère
d’être là, temps fort, instant de grâce aux moments d’élévation des esprits par le
glorieux corps dansant. En soi, l’apesanteur s’engendre comme à force de magie.
Transversalités chorégraphiques. Entre grâce et gravité dans l’étendue qui
s’ignore ; entre transe et transcendance-immanence : se rêvent symboles,
imaginaires, « unité vivante des opposés » signe Alain Foix à l’effigie du
style, de l’icône, des figures et représentations en persona royale. C’est
pourquoi : « Le cygne est un signe qui réfléchit au sens également qu’il donne à
penser » comme se le rappelle et s’en souvient l’instance en référence aux
philosophies de la danse, Nietzsche affirmant que la surface est profonde,
phénoménologique du reste. Force est de constater que « la légèreté apparente du
cygne s’alimente de son poids », Cygnus contre gloire, désir et passion
s’articulant dans l’unité discrète du signe Signum quand se rétablit la réunion
des contraires, logos sublimé de corps ; l’aura, considère Benjamin, une
dialectique agissant là « où l’Autrefois rencontre le Maintenant ». Égérie,
muse, modèle exemplaire, Marie-Agnès Gillot nous a fait l’amitié de couronner
les SAPIENTIALES, Journée Mondiale de la Danse 2021, en nous accordant une
interview dont la teneur est en partie restituée dans une vidéo de Philippe
Colette et des extraits que l’on retrouvera ci-dessous.
Déjà-là, marraine en 2020 d’une première édition, Sapientiales en Normandie
(Caen-Falaise-Rouen), Marie-Agnès Gillot a publié sur le site d’Abyme
—
gestuelle.com « Lettre à mon corps » et les tout premiers pas de danse de Paul à
la barre en visioconférence, son fils âgé de six ans se faisant de lui-même
écriture de soi à son image et ressemblance chorégraphique, descente
ascensionnelle en sa blanche colombe… cygne contre signe, dos à dos comme deux
infinis se rencontrent, se rejoignent et se croisent sous le dôme du firmament
en constellation et nébuleuse. L’immatérialité de l’art traversant l’esthétique,
le romantique Lac des cygnes traduit sur l’invisible un regard par geste, la
Chose s’interposant aux origines mêmes de la source. Paradoxal corps-esprit.
L’être dansant ainsi devenu glorieux miroitement du Je, émane, le Moi se
reflétant néantisé en réfraction du cœur, le soleil et ses expressions qui
soudainement prennent corps, prenant forme en instant de grâce ; instants
d’éternité en signe de l’âme, par éphémères jeux paronymiques des mots d’esprit
sous le pas, ludicité-lucidité induisant ses propres questions dont celles
assignant à l’immortalité ou le Salut. Se stylise dans la danse quelque belle
âme qu’une belle rose à l’épreuve de l’intime ; manifestation-transformation que
cette définition en chair et en os de soi au miroir délivre ; l’interview du
21.04.21 invite aux équivalences conscience et corps, langage, nature et
culture, forme et fond, sens et signification, signifiance, vie des formes,
essence et aspects de l’inexpliqué en creux. Au feu des apparences tenant lieu
de liberté aux prises, se devine une crise de représentation en profondeur de
champ de la beauté du sujet : assomption, qui est acceptation de soi. Affleurent
à la vérité des corps les limites du penser ; coupure sémiotique mais double
jouissance que la danse génère en l’amour nonobstant la métrique saltation
rimant avec exaltation/exultation, joie vive à satiété que de se dire. Se
transfigure l’âme de nuit qui se pense en mélodie du bonheur, ivresse :
aimer/danser.
EXTRAIT du 21 avril 2021 avec Marie-Agnès Gillot et Valérie Colette-Folliot au
Sépulcre de Caen
V.F : Marie-Agnès Gillot, quand vous dansez, pensez-vous ?
MAG : Non, je pense que je ne pense pas.
(…)
V.F : Le Lac des cygnes est le grand répertoire par excellence. Est-ce que cette
œuvre vous a transformée et si oui, en quoi ? Qu’est-ce qu’elle a fait bouger en
vous, cette-œuvre-là ?
MAG : Le Lac des cygnes a transformé tout mon haut du corps, toute ma ceinture
scapulaire, mes bras…