Léon Bakst par Valérien Svetlow
" Je nai pas à vrai dire, à présenter Léon Bakst au public parisien. Ses décors de Thamar, du Dieu bleu, de Narcisse, de Daphnis et Chloé, et de linoubliable Shéhérazade sont tous connus. Comdia illustré a su donner à luvre de ce grand artiste la place importante quil mérite, et nos lecteurs connaissent déjà de près son talent.
Chez Bakst, lesprit est tourmenté par un rêve dOrient. Cest une imagination exotique où lhellénisme qua transformé son individualité artistique tient une place importante. Bakst est un amoureuxde la Grèce antique, de cette Grèce disparue qui existe pourtant et vit encore dune vie réelle dans les visions colorées quil sait évoquer. On peut les discuter au point de vue scientifique, archéologique, ethnographique peut-être aura-t-on raison mais on ne saurait contester le charme pénétrant de ses incursions dans un Orient quil pare dun exotisme étrange. Il y a de lextase quelquefois hypertrophiée dans les dessins des costumes quil drape sur des figurines en mouvement, aux membres contorsionnés, avec une hardiesse du crayon surprenante.
Et de ces simples croquis sexhale parfois comme un parfum dambre antique conservé pendant des siècles en des amphores soudain débouchées.
Bakst est un coloriste extraordinaire. Il aime passionnément la couleur et joue avec elle en virtuose.
Ses combinaisons hardies de tons et de touches vous surprennent parfois, vous choquent même, mais, après un premier instant détonnement, non seulement vous arriverez à les admettre, mais encore vous serez émerveillés par la beauté inconnue dune uvre crue jusqualors irréalisable.
Bakst est un poète lyrique. "
Huitième saison russe (Ballets Opéras) à Paris, 1913,
Comdia illustré,
Valérien Svetlow.Jacques Baril
Dictionnaire de danse
Editions du Seuil, Collection Microcosme, Paris, 1964