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Tamara Karsavina
Jacques Baril

" (Saint-Pétersbourg 1885/1978) Le nom de cette célèbre danseuse russe est étroitement lié à ceux de Diaghilev et de Fokine. L’art de Karsavina, que Levinson désigne comme "une multiple splendeur", illumine les débuts du xxe siècle. Artiste exceptionnellement douée, intelligente et sensible, pendant près de vingt ans, elle demeure une danseuse classique inégalable : "Tamara Karsavina, ballerine déconcertante et magique, dont la légèreté nous demeure un mystère. Dotée du plus fascinateur sourire qui soit et d’une souplesse quasi acrobatique et divine, elle fut et demeure l’oiseau prodigieux que le prince poursuit, la jeune fille qu’un rêve grise d’amour et de roses, la poupée délicieuse dont l’âme voltige, furète et se dévoile. C’est la danseuse née qui s’offre à la griserie des choses irréelles. C’est la femme qui rayonne de cet attrait oriental, irrésistible et mélodieux." (Comœdia Illustré, 15 mai 1912)

Issue d’une famille d’intellectuels et d’artistes, fille du danseur Platon Karsavine ; très jeune, 1894, elle entre à l’école du Ballet impérial de Saint-Pétersbourg, promotion 1902. Etudes avec Gerdt, Johanson, Cecchetti et Gorsky ; complète sa formation avec son père et fréquente également le cours de Beretta à Milan, 1904. Elle débute au théâtre Marie dans Javotte, 1902, mais ne se voit confier ses premiers rôles importants qu’en 1904, dans le Réveil de Flore, suivi de Jugement de Damis et de Graziella, 1905. En 1906, tournée en Russie, où elle paraît dans des ballets du répertoire classique : le Lac des cygnes, Paquita, la Flûte enchantée, Halte de cavalerie et le Petit Cheval bossu.

Remarquée par Diaghilev, elle est engagée pour la première saison de sa compagnie, Paris, 1909. Elle demeurera sa plus fidèle collaboratrice. C’est dans le cadre de l’activité des Ballets Russes qu’elle réalise les plus importantes créations de rôles de sa carrière, fervente admiratrice de Fokine qui lui voue une affectueuse attention et dont elle partage les aspirations novatrices du Ballet. Outre ses remarquables interprétations de Giselle et du Lac des cygnes, elle brille successivement dans Cléopâtre, 1909 ; Carnaval, 1910 ; Shéhérazade, 1910 ; L’Oiseau de feu, 1910, composé à son attention par Fokine ; le Spectre de la rose, 1911 ; Petrouchka, 1911 ; Thamar, 1912 ; le Dieu bleu, 1912 ; Daphnis et Chloé, 1912 ; le Coq d’or, 1914, et le Tricorne, 1919. En 1915, elle épouse en secondes noces le diplomate anglais H. J. Bruce et se fixe à Londres en 1917. Elle contribue alors au rayonnement du ballet anglais en se consacrant au professorat et en collaborant avec le Ballet Rambert. Karsavina assure en outre la liaison entre le ballet russe et le ballet contemporain en prodiguant ses conseils aux nouveaux interprètes des rôles qu’elle a créés. Auteur de Theatre Street, 1930, traduit en français et publié sous le titre Souvenirs de Tamara Karsavina. Ballets Russes, 1931. "

Jacques Baril
Dictionnaire de danse,
Editions du Seuil, Collection Microcosme, Paris, 1964.

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