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" Nous distinguons couramment deux types de la danse de théâtre : celle "terre à terre" et celle "d’élévation". Ils se présentent sur deux plans différents au sens non seulement psychologique, mais aussi littéral de ce mot. La danse terre à terre, celle des jambes par excellence ou, plus exactement, celle du genou, du cou-de-pied, de la pointe, se montre à nous de face ; seule cette disposition frontale révèle le jeu brillant et magnifique des pas battus, temps de pointes, emboîtés, nous ravit par l’éclair en zigzag de l’entrechat. L’"attitude", où la verticale de l’aplomb, passant par la jambe d’appui, est barrée par l’horizontale du bas de la jambe croisée, doit sa beauté propre au jeu des angles et des lignes brisées. L’attitude est l’expression statique du "terre à terre".

Par contre, la danse "d’élévation", celle du bond, de l’envol, de l’équilibre instable sur une pointe, se montre à nous de profil ; ses mouvements projettent le corps dans l’espace, les positions respectives du tronc, des bras, des jambes, de la tête se déterminent réciproquement ; les grands temps d’élévation nous laissent mesurer leur ampleur uniquement vus de profil ou de biais. L’"arabesque", symbole éloquent de l’esprit d’élévation, se concentre en une ligne unique, flèche dardée qui vire sur le pivot de la jambe d’appui. "

André Levinson
1929, Danse d’aujourd’hui,
Editions Actes Sud, Collection L’art de la danse, Arles, 1990, 44-45.

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