CONFÉRENCE IX


Mutations & Métamorphoses



Jeudi 6 juin 2024 — 14h45 à 16h45
Bibliothèque Simone de Beauvoir — Rouen




« Où qu’il soit, le beau reste pour moi un grand mystère », disait le peintre Degas alors qu’il traquait le plus petit mouvement dans le geste et l’étincelle du regard des ballerines et petits rats de l’Opéra. Sous l’autorité du maître de ballet Louis Mérante, selon la règle et la discipline ayant fait le prestige, la réputation et la renommée de l’Académie Nationale de Musique dans les années marquées par le Romantisme et l’Impressionnisme, l’on scandait encore et encore la mesure à grand coup de bâton comme le faisait Lully ou Beauchamp au château de Versailles, domaine des menus plaisirs du Roi-Soleil ressuscité par instants d’éternité au lustre, aux ors et aux pourpres du Palais Garnier ; Paris étant alors le phare culturel d’un monde en premières lignes des splendeurs et merveilles pour cette grande famille, les arts du spectacle.

Se tenant en faction au cœur du lien dans le secret de la chambre close, le peintre capte sur le vif le mouvement des corps qui s’appliquent à défier les lois physiques de la pesanteur en montrant comment s’élever à force de monter sur la pointe des orteils, pris par ce mouvement irrépressible qu’est le geste impérieux d’une musique qui vient de l’intérieur, rythmant les cœurs entre eux, sphères contre sphères, en ajustant les notes aux pas cadencés tintinnabulant avec des vibrations subtiles dont la musicalité, l’harmonie et la perfection semblent miraculeusement atteintes ci et là, entre ciel et terre, dans l’irréel du corps que sublime le ballet romantique au gré de procédés techniques comme le plus ingénieux de tous, l’éclairage au gaz qui aura fait son apparition triomphale à l’Opéra de Paris le 6 février 1822 tout d’abord, puis l’éclairage électrique ensuite dès 1875 à travers quelques effets de scène au Palais Garnier à l’occasion de son inauguration. Mais dans l’évolution des formes scéniques, spectaculaires et théâtrales, il faudra attendre 1883 pour que soit entreprise l’électrification de tout le bâtiment désormais conforme aux progrès industriels de la vie moderne telle que souhaitée à la Belle Epoque par le Tout-Paris. Car en derniers ressorts, suite au tragique incendie ayant détruit l’Opéra-Comique en 1887, sera finalement adoptée l’installation du dispositif électrique conçu par Thomas Edison avec sa lampe à incandescence dans toutes les salles de spectacle de Paris. Toutefois, ce n’est qu’en 1935 que Serge Lifar, alors directeur de la danse de l’Opéra de Paris, décidera d’éteindre le grand lustre de la salle à l’instar d’Antoine, son prédécesseur metteur en scène et fondateur du Théâtre Libre, qui sera le premier en France à faire le noir plateau en 1887 afin de plonger le public dans une disposition de corps et d’esprit telle que vivre le temps de la représentation deviendra l’un des grands moments du geste aussi prégnant que réel ; la mise en scène étant ce biais choisi pour donner l’impression que le spectacle fait se dérouler sous les yeux du spectateur, ce regardeur qui fait les œuvres, argue Marcel Duchamp, une tranche de vie et non pas une fiction comme c’était habituellement le cas au théâtre commercial du XIXe siècle dans les vaudevilles.

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rhétorique/dialectique/poétique, distance et distanciation entre monde réel de l'orateur en politique et monde imaginaire de l'histrion en scène : représentation d'une fiction ou d'une réalité, discours théâtralisé par les accents d'une expression surjouée, voire narcissique, ambivalence du jeu didactique d'une pensée qui se donne à voir et d'une vue qui donne à penser ; comme au 20 e siècle, dire c'est faire selon le philosophe américain Austin, il est avéré et attesté par l'abbé d'Aubignac au 17e siècle que parler c'est agir ; l'action poïétique l'emportant sur l'action performative prise en étau, saisie de stupeur et de stupéfaction comme perdue, esseulée dans la somme d'interrogation et de questionnement qui vient brouiller les frontières entre le réel et l'imaginaire :
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Musicalité & orchésalité :
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Théâtralité & performativité :
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Expressivité & théâtralité :
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BIBLIOGRAPHIE
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