Poursuivons ensemble notre exercice d'analyse critique du langage de la danse appréhendé
comme écriture de soi mais aussi comme humanités chorégraphiques, si vous le voulez bien.
En aparté, vous prenant à témoin, vous, élèves et collègues, je vous transmets la présente en gage de mes bonnes pensées, toutes.
Pour en revenir à notre objet d'étude, posons comme suit notre réflexion sur le paradigme
Danse et Spiritualité, tout en nous demandant comment cette idée s'inscrit dans la dimension morale du champ chorégraphique.
Aussi en viendrons-nous à parler d'éthique de la danse faute de sagesse du danseur.
Reportez-vous à la biographie de Dominique Dupuy (2005) où il confie danser en rappel, appel-réponse parce que "Je danse dans l'espoir que tu me regardes,
et si tu me regardes, alors se pourrait-il que je ne danse que pour toi", sous-entendu "Seigneur". De plus, à l'instar du roi David, à son exemple Franck Legros (2018),
prêtre-danseur, confesse à ce titre danser de joie de par Son amour, au Très-Haut. Telle est la relation d'élévation de facto.
cf. - Dominique Dupuy (2005), La Sagesse du Danseur ;
cf. - Franck Legros (2018), Ton amour me fait danser de joie.
Induite ainsi donc la question de Dieu et/ou son corollaire, le sacré,
dans l'image de l'Autre.
Problèmes de théologico-poétique nous ramenant conséquemment à la
pensée sur le bonheur :
Deus sive Natura, soit l'Ethique, qui est engagement, don de soi, vérité de la personne humaine.
cf. - Maurice Béjart (1977), Un Instant dans la vie d'autrui (mémoires) ;
cf. - Maurice Béjart (2006), Ainsi danse Zarathoustra (entretiens) ;
cf. - Maurice Béjart, Orphée (1958) ; Messe pour le temps présent (1967) ; Roméo et Juliette (1966) ; IX Symphonie (1964) ; Le Sacre du printemps (1959),
Symphonie pour un homme seul (1955) ; Le chant du compagnon errant (1971) ; Nijinski, clown de Dieu (1972) ; La danse - l'amour (2005), etc. ;
cf. - Pierre Legendre (1978), La passion d'être un autre - étude pour la danse ;
cf. - Frédéric Lenoir (2017), Le miracle Spinoza...
En substance, visages de la vérité (du corps), en miroir splendeur de son visage. Se voit, s'admire et se contemple le regard mais les beautés et
gloires de l'opéra, merveilles s'agissant moins de jeux ni de plaisirs, divertissements certes, mais menus plaisirs.
Le ballet offre sa part manquante au tragique, en l'occurrence la
légèreté, l'évasion, cette forme de (la) liberté quand la danse
théâtrale vient à s'inscrire dans l'instant présent, c'est-à-dire dans
l'ordre de l'éphémère d'où s'ensuit son statut d'arts du spectacle, en
effet, art mais sciences du spectacle introduisant à une sorte
d'examen de conscience via l'oubli, la mémoire oubliée resurgissant
par retour du refoulé au gré des intermittences du coeur, l'expression
corporelle faisant leviers sur le poids de la vie, le poids des choses
soudainement enlevées voire épurées.
Comment se produit l'introspection ? Au coeur des actions
chorégraphiques il y a profondeur de champ, profondeurs au sens
mystères mêmes de l'homme en traduction d'une volonté faite Verbe,
puissance de vie d'après Nietzsche, exaltation de la vie sinon
sublimation, force de caractère que de danser sa vie :
cf. - Isadora Duncan (1927), Ma vie ;
cf. - Paul Valéry (1921), L'âme et la danse ;
cf. - Serge Lifar (1935), Manifeste du chorégraphe ;
cf. - Martha Graham (1991), Mémoire de la danse...
Et de s'interroger, et de questionner le corps en représentation, JEu
scénique en tant que tel,
théâtralité là où il y a substrat voire phénomène,
événement-phénomène, expression-manifestation en guise de paroles -
paroles de danses (cf. Karine Saporta), paroles de corps (cf. Thierry
Vila), révélation-dévoilement d'ordre apocalyptique dans ce jeu
dialectique d'apparition-disparition/absence-présence, signes en
ombres portées plutôt qu'illusions ou faux-semblants.
cf. - Alain Porte (1992), François Delsarte, une anthologie ;
cf. - Ted Shawn (1954), Chaque petit mouvement - à propos de François Delsarte (2004)...
C'est pourquoi, pour nous résumer, je vous suggérerais d'orienter
votre problématique générale vers la notion de jeu d'acteur-danseur
interprète, "dansacteur" (cf. Odette Aslan, Le corps en jeu), vous
employant à examiner les rapports entre l'être et le paraître
qu'induira toute interprétation hic et nunc au fur et à mesure que se
découvre le cadre de scène.
En partage un monde, des mondes, l'entre-deux attendu le mouvement et
sa musique, la musicalité développant les arpèges du corps dansant,
pure harmonique que déroule l'univers du spectacle chorégraphique du
fait de la grâce, Grâce en majuscule au moment de l'offrande, grâce en
minuscule aux temps de la cadence, ponts et passerelles entre les uns
et les autres... ce que semble soulever a priori l'axe paradigmatique
du regard et de la conscience du corps présupposé dans la question
posée - les écritures, humanités chorégraphiques - que pour rappel
nous mettons en exergue car l'énoncé du problème appelle sa
problématique, réflexion propre sur la pesanteur, certes, mais
réflexivité en l'espèce et la matière sur l'en-soi, l'apesanteur en
regard de la gravité, l'art de retourner son regard à l'intérieur de
soi-même afin de se présenter à l'assistance, le public, en témoin
l'un de l'autre, les uns les autres.
- La danse comme théâtralité, c'est-à-dire : la danse comme
spiritualité, autrement dit du sublime dans la danse théâtrale et/ou danse d'élévation et réciproquement.
Passage d'états de corps à état de conscience, états du monde au prix
des mondes de l'au-delà au moyen du rêve, le temps de la
représentation qu'est le spectacle de danse, ballet pour la vie ainsi
qu'aime à le célébrer Maurice Béjart au nom de la Rose...
Et Je reste chez Moi ! car Je est un Autre que Soi...
La rage au coeur, entendu : courage.